Jusqu’à récemment, je n’avais pas d’enfants.
Du coup pleins d’évènements m’apparaissaient différemment. Plus simplement je dirais.
Par exemple lorsque c’était la St Valentin, avec chouchou on prenait un bain de champagne, on inondait le lit de pétales de roses, on faisait l’amour en haut de la Tour Eiffel en criant si fort que même les passants du Champs de Mars nous disaient « Oh tu veux pas la fermer ? » (bon ok j’exagère un peu…rien qu’un peu).
Puis on a eu des enfants et la St Valentin est devenue moins fofolle. On a été vite tellement nazes avec l’arrivée des enfants, que le 14 février on s’est mis à regarder Columbo en pantoufles devant des pizzas. Et souvent on s’endort avant la fin (ce qui, je te l’accorde, n’est pas bien grave puisque la force de Columbo c’est que tu connais le meurtrier dès le début).
Noël avec bébé c’est comme à la St Valentin puissance 10.000.
Avant, Noël c’était MA fête. Je stockais des idées de cadeaux dans mon téléphone au fur et à mesure de l’année en vue du 24 décembre, j’errais dans les Grands Magasins afin de trouver la petite robe glitter idéale pour accueillir le Père Noël, j’allais me faire faire un massage le jour même pour être en forme, je faisais un régime la veille pour pouvoir avaler la bûche entière le lendemain sans scrupules, j’ouvrais mes paquets comme une gamine avec ravissement, je faisais des câlins à mes parents pour les remercier, j’essayais tout le soir même, je buvais un verre ou douze, je me couchais tard, j’humais le sapin et j’étais bien. C’était MON Noël.
Mais voilà, les enfants sont nés et m’ont volé mon Noël.
D’abord la mamie (ma mère) m’a demandé dès le premier Noël avec bébé, ce qu’il voulait. J’ai répondu « Ipod/maquillage/Parfum/Places de théâtre/Louboutin/pochette du soir ». Elle m’a dit que j’avais mal entendu, que ce n’était ma wish list qui l’intéressait mais celle de l’héritier.
Je compris alors que Noël avec bébé ne serait plus jamais ma fête, qu’il fallait que je fasse le deuil de mes beaux cadeaux à moi, que j’allais devoir me taper le mythe du Père Noël en souriant, que mon salaire annuel allait passer dans les surprises des enfants, que tout ce qui comptait désormais c’était la petite robe à smock qu’allait revêtir ma fille le soir du 24, que moi je pouvais enfiler un jean et un sweat sans que personne ne le remarque, que j’allais devoir arrêter de bouffer de la bûche car il fallait en laisser aux enfants et surtout qu’il fallait que je perde mes kilos de grossesse, que l’attention serait portée sur eux et que je n’aurais donc comme cadeaux uniquement des objets me renvoyant à mon rôle de mère : une machine à faire des purées « oh c’est trop génial, ça manquait à ma vie », un baby talk du futur « oh c’est canon, comme ça je n’oublierai jamais que j’ai des gosses », un album photo pour ranger les petites bouilles de mes kids « oh c’est top et puis tu sais j’ai carrément le temps de faire des albums photos ! ».
A eux les box magiques de chez Tiniloo, la playstation mégatop, la poupée trop jolie, la dinette en bois vintage, le petit cheval à bascule trop chou, l’appareil photo 9 en 1, le parfum pour mini-adulte. A moi le néant.
Mais cette année, je ne me ferai pas avoir. Je suis prête à affronter Noël comme avant. C’est aussi MON Noël enfin quoi !